Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 7 juillet 2004

Comité interministériel sur la lutte contre l'exclusion : pas d'annonce

Avec une "conférence nationale", puis un "Comité interministériel" express, le gouvernement a réaffirmé mardi que la lutte contre l'exclusion était une "priorité", quitte à décliner une nouvelle fois le plan Borloo de cohésion sociale, sans s'engager sur un "droit au logement" renouvelé. "La lutte contre l'exclusion, c'est évidemment une priorité républicaine et sociale, mais c'est aussi l'intérêt économique du pays", a déclaré le Premier ministre le matin devant la Conférence nationale de lutte contre l'exclusion et pour l'insertion, devant des élus et représentants des associations. En début d'après-midi, Jean-Pierre Raffarin a présidé un Comité interministériel de lutte contre l'exclusion (CILE) d'une petite demi-heure qui n'a donné lieu à aucune annonce. "Une partie des mesures sont déjà dans le plan de cohésion sociale et d'autres confortent ce que nous avons envie de faire en direction des gens exclus", a indiqué à la presse la ministre déléguée à la Lutte contre la précarité et l'exclusion, Nelly Olin, à l'issue du CILE. Lutte contre l'illetrisme, création de guichets uniques administratifs dans chaque département, hébergements d'urgence, chantiers d'insertion, la ministre a ainsi décliné le volet exclusion du plan Borloo, présenté il y a six jours, et qui prévoit au total environ 13 milliards d'euros sur cinq ans. "Nous n'aurons pas de problèmes budgétaires dans le cadre de l'exécution du plan", a assuré au passage son auteur, le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, pendant la Conférence du matin. Au cours de cette journée, le gouvernement est resté très prudent sur le "droit au logement opposable". Réclamé par les associations, il offrirait à une personne mal-logée "la possiblité d'un recours juridictionnel pour faire valoir son droit à un logement décent", selon un groupe de travail qui a préparé la Conférence. "Comment construire l'opposabilité? Le sujet est important", a reconnu le Premier ministre. "Nous travaillons réellement sur ce droit. Nous ne pourrons le mettre en oeuvre - si nous devons le mettre en oeuvre - que quand on sera capable de mettre en face des logements. Aujourd'hui ce n'est pas le cas", a précisé à la presse Nelly Olin après le CILE. Il faut que le droit au logement soit opposable en justice", a répété à la presse le président d'ATD-Quart Monde, Pierre Saglio. "C'est la seule façon de lever les obstacles : faire en sorte que la collectivité se sente une obligation de loger ceux qui ne le sont pas. On n'y arrivera qu'en inscrivant quelque chose dans la loi", a ajouté son homologue d'Emmaüs France, Martin Hirsch. Le CILE, le premier depuis la grande loi de 1998 relative à la lutte contre l'exclusion, a notamment réuni Mme Olin, Dominique Bussereau (Budget), Gérard Larcher (Travail), Marc-Philippe Daubresse (Logement), François Fillon (Education). Pendant la Conférence nationale, des élus et des associations avaient présenté leurs propositions, en matière de logement (droit opposable), d'accès aux droits, et de participation des exclus à la lutte contre l'exclusion. Pendant cette journée, les exclus n'ont pris la parole qu'à travers un film pour expliquer leurs difficultés quotidiennes comme déchiffrer de simples documents administratifs. La France compte environ 3,5 millions de personne en dessous du seuil de pauvreté et un million d'enfants pauvres.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2